Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté !
J’ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu’au coeur de l’Eté et de Midi,
Je te découvre,
Terre promise, du haut d’un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l’éclair d’un aigle
Femme nue, femme obscure
Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir,
bouche qui fais lyrique ma bouche Savane aux horizons purs,
savane qui frémis aux caresses ferventes
du Vent d’Est Tamtam sculpté,
tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée
Femme noire, femme obscure Huile que ne ride nul souffle,
Femme noire, femme obscure Huile que ne ride nul souffle,
huile calme aux flancs de l’athlète,
aux flancs des princes du Mali Gazelle aux attaches célestes,
les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.
Délices des jeux de l’Esprit,
les reflets de l’or ronge ta peau qui se moire
A l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.
Femme nue, femme noire
Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe,
forme que je fixe dans l’Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
(Léopold Sédar Senghor, 1906-2001)
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